Programmation triennale de l’entretien des chaussées départementales du Puy-de-Dôme (TWSINFO N°11 – Mars 1999)

Marc CORDERO, Gilbert MARCO, Jacky LEYRE,
DGRT – Conseil Général du Puy-de-Dôme

Placé sous la seule responsabilité du Conseil Général, le Réseau Routier Départemental du Puy-de-Dôme est avec 7 200 km de routes l’un des plus importants de France. Élément essentiel dans le développement économique local, il ouvre l’accès aux routes nationales et aux autoroutes et relie l’ensemble des pays du département.

L’aménagement et la conservation du réseau routier constituent des enjeux économiques très significatifs comme l’atteste le niveau des budgets consacrés aux investissements routiers (230 MF), dont près de 90 MF au titre de la sauvegarde du patrimoine routier.
L’utilisation d’une masse financière aussi considérable, et les contraintes budgétaires que connaissent toutes les collectivités, imposent la plus grande maîtrise dans les choix techniques et stratégiques.

Entretien des chaussées départementales

Sa politique d’aménagement définie, le Conseil Général du Puy-de-Dôme s’est engagé dès 1995 vers une approche plus rationnelle de l’entretien routier.

La gestion de l’entretien jusqu’en 1995

Jusqu’à cette date, la gestion de l’entretien routier, et notamment la programmation des travaux, faisait largement appel à l’appréciation personnelle avec les avantages et les inconvénients que l’on connaît :

 

  • d’un côté la responsabilisation des hommes et l’exploitation de leur compétence,
  • de l’autre la subjectivité des appréciations et la difficulté à comparer des propositions faites selon des critères différents, parfois peu explicités, et à les hiérarchiser.

 

Une première étape en 1995

La première étape de cette approche plus rationnelle a consisté à faire procéder par le LRPC de Clermont-Ferrand à un relevé des dégradations de surface selon la méthode M3 du LCPC, afin d’avoir une évaluation correcte et objective de l’état des chaussées sur le réseau structurant (A+B).
Dans les 3 années (1996, 1997, 1998) qui suivirent, la programmation de l’entretien a été faite sur la base des propositions des subdivisions, en vérifiant leur cohérence par rapport au relevé des dégradations de surface.

Une seconde étape en 1998

En 1998, pour améliorer sa politique de sauvegarde du Patrimoine Routier Départemental, le Département s’est engagé dans l’élaboration de programmes triennaux concernant l’ensemble du réseau.
Le programme triennal glissant s’applique à toutes les catégories de chaussée. Il définit l’ensemble des actions localisées et concentrées autour du renouvellement des couches de roulement, et tous les travaux préparatoires sur les chaussées et les dépendances.
Afin d’informatiser cette démarche, le département s’est équipé de la solution APE (Aide à la Programmation de l’Entretien) de TWS.

L’année 1998 a été consacrée à la mise en place progressive de cette nouvelle approche, à l’adaptation de l’outil à la politique définie par le Département, à sa présentation à tous les partenaires concernés, et en particulier aux acteurs principaux que sont les subdivisions.
Des visites des réseaux A et B ont été effectuées dans toutes les subdivisions, conjointement avec chacun des responsables de la Filière Routes et le chef de Subdivision. Ces visites faites avec les tableaux d’analyses et propositions issus de TWS-APE, ont permis de valider les indicateurs d’état, les sections de travaux, la nature des travaux, les priorités.

Programmation de l’entretien

Cinq objectifs

 

  1. Renouveler la couche de roulement suivant une périodicité moyenne de 10 ans, à moduler selon la classe fonctionnelle, les dégradations, etc.
  2. Rétablir la géométrie de la chaussée.
  3. Assurer la conservation physique de la route.
  4. Respecter la notion d’itinéraire, pour tendre vers un niveau de service homogène.
  5. Assurer la sécurité aux usagers et un confort adapté à la route.

 

Réseau structurant

La sélection des zones à traiter est fondée sur les notes de structure, de surface et d’étanchéité qui correspondent aux objectifs C (conservation physique de la route) et E (confort adapté à la route) et sont établies à partir du relevé de dégradations DESY-M3.

Sélection des zones de travaux sur la RD 941.

Le programme d’entretien est arrêté par la DRT et validé, après avis des subdivisions, sur la base des résultats des auscultations et des préconisations résultant du logiciel TWS-APE.
Compte tenu des contraintes budgétaires, il n’est pas possible de renouveler les couches de roulement peu dégradées même si elles sont âgées et l’objectif A ne peut être atteint à court terme. Cependant, les sections avec une couche de roulement âgée sont l’objet d’un suivi particulier.

Réseaux C et D

Pour les itinéraires de classe C et D, la programmation est arrêtée annuellement par la DRT en concertation avec les subdivisions de l’Équipement au terme d’un processus comprenant 3 étapes :

 

  1. expression des propositions d’entretien dans un cadre rationnel et uniforme comprenant trois parties : la description de la section proposée, le relevé d’état visuel simplifié, les travaux proposés,
  2. classement des propositions et construction d’un programme triennal pour chaque subdivision,
  3. définition du programme annuel de travaux à partir du programme triennal.

 

Conclusions

La nouvelle procédure pour la programmation permet de conserver les avantages du système antérieur et d’en éliminer les inconvénients.

Extrait du programme de travaux APE-63 pour le réseau A hors agglomération.

Elle a été bien acceptée par les collaborateurs des Subdivisions, parce qu’eux-mêmes confrontés aux problèmes d’arbitrage des priorités au sein de leur Subdivision, ils comprennent la finalité de l’outil informatique qui vient en appui de leur compétence et de leur connaissance du terrain.

L’outil ne les remplace pas, il valorise leur compétence.
La programmation est effectuée sur une appréciation homogène avec une définition des priorités, et une souplesse d’adaptation permettant de faire évoluer le système de décision avec les besoins du Maître d’ouvrage et d’intégrer les informations spécifiques apportées par les agents de terrain.
D’autre part, la facilité de détection des sections à problèmes permet de définir les besoins en études structurelles ou couches de roulement (sondage, déflexion, relevé plus détaillé).

Poursuite de la démarche

Un deuxième relevé de dégradations sera effectué par le LRPC au cours du 2ème trimestre 1999 sur le réseau structurant.
A l’aide de ce nouveau relevé, une première version du programme triennal 2000/2001/2002 sera élaborée pour ce réseau.

Par ailleurs, le développement de l’outil d’analyse se poursuivra dans plusieurs directions :

 

  • meilleure adaptation de l’outil à la démarche de programmation du Département par la prise en compte des objectifs de programmation E (Assurer la sécurité de l’usager) et B (Rétablir la géométrie) ; notamment grâce à la connexion du système aux fichiers d’accident (BAAC),
  • caractérisation et classement des propositions d’entretien issues des subdivisions,
  • analyse du programme retenu par la DRT,
  • planification des études et des travaux préparatoires.

Enfin, vont être mis en place un SIG et une banque de données routières performante et adaptée à la démarche engagée.