Programmation de l’entretien préventif des Chaussées Départementales des Yvelines (TWSINFO N°15 – Avril 2000)

Vue de la RD 113 Emmanuel PETIOT, Annie BURET, Frédéric ROUX
Direction des Routes et des Transports
Conseil Général des Yvelines

Le réseau routier départemental représente un linéaire de 1 500 km et une surface de chaussée d’environ 10 millions de m2.
Ce réseau est de plus en plus sollicité, les besoins en déplacement augmentant régulièrement. De plus, l’absence de liaisons routières nationales structurantes conduit à une surcharge des routes départementales. Le linéaire supportant un trafic supérieur à 10 000 véhicules/jour a été multiplié par 6 en 10 ans (de 60km à 360km)

Mise en place d’une politique préventive en 1995

L’importance de ce trafic, notamment en poids lourds, accélère l’usure et les dégradations des couches de roulement. Après une dizaine d’années de vie, celles-ci perdent de leur adhérence – ce qui diminue la qualité des freinages – et de leur étanchéité, mettant ainsi en péril la pérennité de la chaussée.

C’est pour ces raisons techniques et économiques que l’Assemblée Départementale a décidé par délibération du 21 avril 1995, de mettre en place une politique préventive et de définir comme objectif un renouvellement des routes départementales suivant une périodicité de 8 à 12 ans, modulée en fonction des trafics.

Il a été constaté qu’en 1994 plus de 200 km de revêtement du réseau départemental avait 12 ans et plus, ce qui a conduit à adopter un programme de rattrapage visant à traiter toutes les sections anciennes afin de pouvoir répondre à l’objectif de renouvellement.

Crédits pour le renouvellement des couches de roulement

L’effort financier correspondant a permis la rénovation d’environ 550 km de couches de roulement, venant s’ajouter aux linéaires de chaussées traitées dans le cadre du renforcement-recalibrage (environ 100 km) et de l’entretien courant (environ 30 km).

Poursuite de cette politique sur la période 2000-2004

L’effort financier ainsi consenti a porté ses fruits : au 1er janvier 2000, la quasi-totalité des chaussées anciennes ont été renouvelées ; le rattrapage est terminé.

Age de la couche de roulements

La répartition homogène du réseau par tranche d’âge va permettre à enveloppe constante, d’entretenir de manière exclusivement préventive, et donc à meilleur coût économique, l’ensemble du réseau.

Au regard de la politique décidée en 1995, notamment en terme de périodicité de renouvellement de la couche de roulement, environ 800 km de routes départementales devront faire l’objet de travaux sur la période 2000-2004.

Parmi ces 800 km, 100 km feront l’objet de travaux lourds visant à renforcer la chaussée (pour adapter sa structure au trafic poids lourd ou la protéger contre les actions du gel/dégel) ou adapter son profil en travers au volume de trafic. Aussi, le linéaire à traiter dans le cadre de cette politique est-il ramené à 700 km.

Les principes de la programmation annuelle

Le succès de la politique d’entretien suivie suppose que le programme de renouvellement soit élaboré suivant une approche cohérente et systématique.
Eprouvée et affinée au fil des années et de l’expérience acquise depuis 1991, l’approche présidant à la programmation a été mise au point par le LROP en étroite collaboration avec la DRT.

Elle repose sur 5 principes :

  1. la localisation des besoins de renouvellement en fonction de 2 critères de sélection et un critère d’exclusion. Sont réputées renouvelables les couches de roulement âgées (l’âge limite est fonction de la nature de la couche de roulement et du trafic supporté) ou dégradées (des arrachements, du ressuage, des fissurations longitudinales et transversales ou des réparations y sont visibles). Sont écartées les zones trop déformables (la déflexion admissible varie avec le trafic et le type de chaussée), trop déformées ou trop fissurées qui relèvent d’un programme spécifique de renforcement.
  2. l’optimisation des longueurs de chantier afin de limiter l’incidence des frais fixes de chantier (mise en place, déplacement de matériel, etc) sur le coût des travaux,

Sections de travaux

  1. la hiérarchisation des besoins associée à une liste ordonnée de critères : la note de surface (synthèse du vieillissement et de l’état de dégradation), l’uni et l’âge de la couche de roulement,
  2. la limitation des travaux préparatoires à 40% du coût total du marché, limite au delà de laquelle sont entrepris des travaux de structure,
  3. la mise en œuvre de solutions minces (Enrobé Coulé à Froid, Béton Bitumineux Ultra-Mince, Très Mince voire exceptionnellement Mince).

Pré-programmation

Le pré-programme de couches de roulement est alors élaboré automatiquement à partir de la base de données routière à l’aide du logiciel TWS-APE et d’un paramétrage spécialement conçu par le LROP. Le processus d’élaboration comprend 3 étapes : localisation des besoins,détermination des sections de travaux, hiérarchisation de ces dernières.

Les besoins d’entretien sont localisés en fonction des valeurs prises par les indicateurs d’état.

Jusqu’à l’utilisation du logiciel TWS-APE, au début de l’année 1999, l’ensemble des calculs correspondants étaient effectués à l’intérieur de la base de données routières et, au terme d’opérations complexes (sectionnement en zones homogènes, déduction de valeurs intermédiaires) et coûteuses en temps utilisateur, il fallait poursuivre manuellement en lissant des informations exprimées dans un listing pour déterminer et hiérarchiser les sections de travaux.

Aujourd’hui, la base de données routière est plus concise puisque seules les données brutes y sont exprimées et l’ensemble des calculs est fait automatiquement en une seule opération de l’utilisateur.

Pré-programme de couches de roulement

Les nombreuses journées de travail ainsi épargnées peuvent être consacrées à des tâches plus profitables comme le développement de l’expertise, la validation et la mise au point des stratégies.
Le délai nécessaire au calcul du pré-programme s’en trouve aussi raccourci de sorte que le pré-programme est établi en juillet quelques jours après l’intégration des données issues de l’auscultation annuelle dans la base de données routières.

Aussi, disposant du pré-programme d’entretien plus tôt dans l’année et, par là même, de plus de temps pour l’étudier, les acteurs de l’entretien préparent-ils mieux leurs actions ultérieures de programmation.

Programmation

Durant le mois de septembre, ces sections font l’objet d’une visite de terrain associant la DRT, le LROP, les subdivisions DDE concernées. Ces visites ont pour but de confirmer l’opportunité des travaux figurant dans le pré-programme et de valider les PR d’extrémités.

Les solutions techniques de rénovation sont arrêtées lors de ces visites au cours desquelles l’admissibilité des travaux préparatoires est vérifiée.

Est alors arrêté le programme de travaux qui sera proposé aux élus.

Conclusions et perspectives

  1. En 1995, le département des Yvelines met en œuvre une politique d’entretien préventif des chaussées.
  2. Cinq ans après sa mise en place, la quasi-totalité des vieilles chaussées ont été renouvelées et la répartition des chaussées par tranche d’âge est devenue homogène.
  3. La poursuite de cette politique devrait permettre, à enveloppe constante, d’entretenir de manière exclusivement préventive, et donc à meilleur coût économique, l’ensemble du réseau.
  4. Le succès de cette politique est lié à la mise en œuvre d’une approche systématique et cohérente pour déterminer la programmation annuelle.
  5. Cette approche est rendue possible grâce à la mise en place de moyens d’analyse et de suivi : campagnes d’auscultation annuelles, base de données routières, système d’Aide à la Programmation de l’Entretien (APE).