Programmation technique et budgétaire de l’entretien des chaussées dans le département d’Eure-et-Loir (TWSINFO N°10 – Décembre 1998)
Denis SAUTEREY
Directeur de la voirie – Conseil Général d’Eure-et-Loir
Le Département d’Eure-et-Loir est à la tête du deuxième patrimoine routier de France, après celui du Département de la Manche, par la longueur cumulée de ses routes départementales, environ 7500 kilomètres.
Il ne pouvait plus, dans le contexte de rationalisation actuel, se contenter d’une gestion en bon père de famille, pratiquant une politique de saupoudrage cantonal.
Aussi a-t-il décidé de systématiser la gestion de ses chaussées.
La Direction de la Voirie, dès que la compétence en matière d’entretien lui a été transférée lors de la réorganisation partage de la DDE en 1994, s’est résolument engagée dans l’élaboration d’un système de gestion de chaussées.
L’objectif poursuivi dès l’origine a été de se doter d’un outil d’aide pour définir et évaluer des politiques d’entretien alternatives et, plus généralement, fournir aux élus départementaux les informations leur permettant d’arrêter le budget d’entretien en connaissance de cause.
Le système de programmation technique et budgétaire
Composant Réseau du système de gestion des chaussées d’Eure-et-Loir, le système de programmation a été conçu pour aider le gestionnaire à optimiser sa politique d’entretien. Il est constitué de quatre outils complémentaires.
L’outil d’évaluation de l’état des chaussées caractérise chaque section homogène à l’aide d’une note de structure (NPST) et d’une note de surface (NPSU), calculées à partir des dégradations de la chaussée.
La qualité de l’évaluation est fondamentale, les deux notes attribuées aux chaussées constituant le prisme à travers lequel le système de gestion perçoit le réseau. En premier lieu cette qualité réside dans la cohérence entre les notes théoriques et la perception des acteurs de l’entretien, sans laquelle l’outil d’évaluation serait rejeté. En second lieu, dans la pérennité de ces deux notes, qui constituent alors un système de notation référent à l’aide duquel on pourra suivre l’évolution du réseau dans le temps.
L’outil de programmation technique élabore un programme de travaux suivant un processus décisionnel comprenant cinq étapes :
- localisation des zones déficientes, mal notées en structure et/ou en surface,
- agrégation de ces zones en sections de travaux,
- classement de ces sections de travaux suivant plusieurs critères de priorité, concernant notamment la hiérarchisation du réseau, l’homogénéité des itinéraires, l’influence financière d’un report de travaux,
- estimation du coût des travaux à l’aide d’un catalogue de solutions d’entretien, établi à l’aide d’ERASMUS sur un échantillon de 150 km de routes représentatif du Réseau Départemental Structurant.
- sélection des sections retenues compte tenu du budget alloué.
L’outil de prédiction réalise une projection prospective de l’état des chaussées du réseau dans le temps.
A partir de la connaissance des courbes d’évolution des chaussée, il prédit l’évolution des indicateurs d’état (structure et surface) d’une section homogène de chaussée en procédant comme suit :
- recherche de la courbe d’évolution associée à la classe de cette chaussée,
- prédiction de son état à partir de la courbe d’évolution.
L’outil de programmation budgétaire calcule l’incidence d’un budget d’entretien sur l’évolution de l’état du réseau à long terme (20 ans) dans le contexte d’une programmation technique. Outil de synthèse, il prédit, année après année, l’état du réseau en faisant appel aux trois outils précédemment décrits.
Application du système pour 1999
Le logiciel TWS-BUDGET qui supporte le système de programmation technique et budgétaire du réseau d’Eure-et-Loir permet de faire varier toutes les composantes de la politique d’entretien.
La Direction de la Voirie ne s’en est d’ailleurs pas privée et pour le vote du budget, cinq politiques différentes ont été testées sur la base des orientations budgétaires arrêtées par le Conseil Général :
- Une politique favorisant les itinéraires appartenant au schéma routier régional,
- Une politique donnant la priorité aux chaussées les plus mal notées,
- Une politique visant à minimiser le coût du report des travaux à 5 ans,
- Deux politiques mixant les 3 politiques précédentes
Après analyse, la Commission des Routes a finalement retenu la politique n° 3 : les sections qui feront l’objet de travaux en 1999 sont celles pour lesquelles un report de travaux de cinq ans entraînerait le surcoût maximum.
Le principe étant défini, la concrétisation dans le programme de travaux à réaliser dans l’année nécessite encore beaucoup de travail. Les solutions de travaux définies de façon schématique sur les bases d’un catalogue de solutions doivent notamment être retravaillées et faire l’objet d’un passage particulier d’ERASMUS.
Conclusions
Au départ, le besoin créa l’outil. D’une volonté de faire décider les élus départementaux sur des perspectives concrètes et chiffrées est né le système de gestion du réseau routier départemental d’Eure-et-Loir.
Et puis l’outil créa le besoin. De plus en plus de scénarii à tester, de solutions de travaux à optimiser etc.
Alors, c’est un véritable bureau d’études “ingénierie de l’entretien” que la Direction de la Voirie a dû mettre sur pied, qui, en maîtrisant l’ensemble des outils informatiques, de VISAGE au système de programmation en passant par ERASMUS et MAP INFO, fournit la matière nécessaire en amont par la définition des politiques et les arbitrages budgétaires et en aval par la détermination des solutions optimales de travaux.