Le conseil général du Finistère optimise l’entretien de ses 825 ponts (TWSINFO N°16 – Août 2000)

Jean-Claude QUINIOU, Martine MOTARD
Direction des transports, des routes et des déplacements / Conseil Général du Finistère

Le département du Finistère gère un important réseau routier constitué de 3 370 kilomètres de routes et 825 ponts sur lequel il investit 272 MF chaque année pour l’entretenir et le moderniser.
Si le budget consacré à la maintenance de ces ouvrages d’art ne représente, avec 11,5 MF, que 4% du budget routier (272 MF) du Département, il n’en constitue pas moins – au regard de la prévention des risques et réduction des aléas – une préoccupation très importante d’un conseil général soucieux d’offrir un service de qualité aux utilisateurs des routes départementales.
Aussi, depuis qu’en 1998 il est devenu le seul responsable de la maintenance de ces ouvrages d’art, le Service entretien sécurité, ouvrages routiers et maritimes (SESORM) a mis en place un projet innovant pour systématiser leur gestion technique.
Le SESORM coopère dans le cadre du projet OASIS, avec plusieurs autres collectivités territoriales, notamment les départements de la Haute-Savoie et des Pyrénées-Orientales.

Historique de la Gestion des Ouvrages d’Art dans le Finistère

Jusqu’en 1997, la DDE du Finistère assurait pour le compte du Département, au travers de sa cellule départementale des ouvrages d’art (CDOA), la surveillance et la programmation de l’entretien.
La programmation des travaux fait alors largement appel à l’appréciation personnelle avec ses avantages et ses inconvénients : d’un côté, la responsabilité des acteurs du terrain et l’exploitation de leur compétence, de l’autre, la subjectivité des appréciations et la difficulté de comparer les propositions et de les hiérarchiser.Mettant à profit la loi de décentralisation, le département a mis en place depuis janvier 1998 des agences techniques départementales (ATD) couvrant l’ensemble du territoire finistérien et intervenant exclusivement pour son compte dans les domaines routier et portuaire de sa compétence.
Simultanément, les missions des services techniques centraux ont été élargies. Le service ouvrages d’art s’est vu confier la totalité de la mission du traitement des ouvrages sur chacune des phases du cycle de vie, depuis la conception préliminaire jusqu’à la maintenance en passant par la réalisation.
Une vaste mission… et des moyens faibles en personnel transféré.C’est dans ce contexte que le conseil général décida de s’appuyer sur un outil logiciel qui permettait à la fois de recenser et connaître le patrimoine, proposer une programmation pluriannuelle de travaux, suivre les opérations d’investissement sur ouvrages, intégrer la notion terrain en proposant un volet entretien courant et suivi annuel.

Le projet OASIS

En 1997, à la recherche de ce logiciel, le conseil général prit contact avec le service ouvrages d’art de Haute-Savoie, où Yvan LEFEUVRE développait depuis 1995 le projet OASIS spécialement conçu pour s’adapter à la structure d’un Conseil Général et à l’environnement des ouvrages.

En juin 1998, le conseil général devient un des premiers sites pilotes en France. Les premiers contacts s’avèrent fructueux ; ils améliorent très sensiblement l’ergonomie du produit, les unités opérationnelles provenant de différents départements étant à même de tester les fonctionnalités, de proposer des modifications et de les faire remonter au concepteur du logiciel par un jeu de questions réponses.

Un processus qui permet à une version générique du produit de voir rapidement le jour. Ce logiciel est aujourd’hui commercialisé sous le nom d’OASIS-Ponts.

Vérification du recensement des ouvrages

Après le choix du logiciel, la seconde étape consiste à vérifier l’authenticité du recensement tel que défini par les informations exprimées dans la base de données ÉDOUARD (SETRA) fournie par la CDOA de la DDE.
Une double vérification s’impose alors :
  1.  Vérification de la cohérence entre la description exprimée dans OASIS et les informations retrouvées dans les archives, au terme de laquelle la fiche signalétique de l’ouvrage est établie puis expédiée à l’antenne technique départementale,
  2. Vérification de la justesse de la fiche signalétique de l’ouvrage lors de la visite annuelle en termes d’implantation PR, type et caractéristiques géométriques de l’ouvrage, etc.

Surveillance des ouvrages

En application de l’instruction technique pour la surveillance et l’entretien des ouvrages d’art (ITSEOA), la surveillance est réalisée suivant trois niveaux : la surveillance continue, la visite périodique, l’inspection détaillée.

La surveillance continue, effectuée par les collaborateurs du Conseil Général à l’occasion de leurs visites terrain, ne donne lieu à aucune formalité puisqu’il s’agit simplement de donner l’alerte en cas d’inquiétude relative à la sécurité.

Effectuées par des collaborateurs des ATD spécialement formés, suivant une fréquence dépendante de l’importance du pont, les visites périodiques se concrétisent par la production d’un procès verbal pont unique, commun à tous les types de ponts.
Ce procès verbal pont, mis au point avec le département de Haute-Savoie comprend les données de recensement et de description, les relevés de désordres sur les cinq parties de l’ouvrage (abords, superstructures, structures, fondations, structure élargie), la définition de l’entretien courant à réaliser annuellement et les conclusions du visiteur, notamment les notes attribuées à chacune des parties.

Véritable “bilan de santé” de l’ouvrage à des étapes clé de la vie de l’ouvrage, telles que construction, déclassement, détérioration, réfection, réception de travaux, l’inspection détaillée va au-delà de la notation établie lors de la visite annuelle.

Bilan de la gestion systématisée 1999

Bien sûr, les 403 ponts du réseau structurant sont l’objet d’une attention particulière. Le bilan 1999 de la surveillance formalisée de ces ponts a permis d’établir qu’une centaine d’entre eux devait faire l’objet d’une inspection détaillée “initiale”, les renseignements disponibles les concernant étant faibles ou inexistants, alors que, dans la même période, leurs confrères, mieux connus, étaient contrôlés plus sommairement dans le cadre des visites périodiques.

Quant aux 422 ponts du réseau secondaire, ils ont été progressivement pris en compte dans le système de gestion.

Aujourd’hui, le patrimoine est mieux connu dans les ATD, leur entretien courant s’améliore, les ATD possèdent une vision plus globale du patrimoine existant sur leur territoire. L’ensemble des procès-verbaux ponts de 1999 a été intégré par le SESORM dans le logiciel OASIS, puis analysé par le système permettant ainsi d’établir un bilan de la surveillance.
La liste ordonnée des ponts par indice de gravité et indice fonctionnel constitue le document de référence pour le suivi de l’état du patrimoine, la programmation des inspections détaillées et la pré-programmation des travaux d’entretien.

L’objectif initial “description pour fin 1999 de l’ensemble des ouvrages du réseau structurant” a été dépassé puisque, en janvier 2000, c’est l’ensemble des ouvrages qui sont décrits dans la base.

Après les ponts, les murs et les ports

Le système de gestion des ponts mis en place par le conseil général du Finistère avec le logiciel OASIS est aujourd’hui pleinement opérationnel. Sa mise en œuvre a conduit à un enrichissement dans le travail réalisé par les différents intervenants (SESORM, ATD et intervenants extérieurs) et, par là même, au renforcement de leur motivation. Le département contrôle mieux l’évolution de l’état de ses 825 ponts et ainsi maîtrise mieux les risques et aléas liés à leur exploitation.
La suite logique du processus de qualité dans la gestion et l’entretien des ouvrages est d’implanter l’outil au sein des ATD, cette démarche devant leur permettre de saisir directement leur procès-verbaux de visites annuelles, d’analyser leur patrimoine et d’arbitrer les priorités d’investissement et de suivi.
Après les ponts, les murs ! Le système de gestion est actuellement étendu aux murs de soutènement, les premiers bénéfices de cette extension étant attendus pour la fin 2000. Enfin, le département ayant une importante façade maritime – pas moins de 65 ports départementaux – met en place actuellement une fiche signalétique pour les ouvrages maritimes.