40 km de voies d’agglomération à Amiens (TWSINFO N°08 – Juin 1998)

Pierre GOURLIN, François TAINTURIER, Pierre-Alain ROCHE
Direction Départementale de l’équipement de la Somme

A Amiens, l’achèvement de la construction de la Rocade Sud va permettre le bouclage des infrastructures de contournement de la Ville. Dès lors, le trafic de transit sera très largement détourné de l’agglomération, entraînant par là même une modification fondamentale de la fonction des voies actuellement classées routes nationales.
Ces voies ne correspondant plus aux critères de classement dans le réseau routier national sont susceptibles d’être reclassées dans les réseaux départemental et communal.
L’objet de cet article est de présenter la démarche qui a permis à l’ensemble des acteurs de tomber d’accord sur le budget à mettre en œuvre pour effectuer la remise en état de ces chaussées préalablement au transfert de domanialité.

Introduction

Remettre en état les voies transférées, c’est effectuer les travaux de renforcement permettant à ces chaussées de supporter leur nouveau trafic sans entretien structurel sur une période longue de 10 à 15 ans, c’est aussi leur redonner des caractéristiques d’adhérence conformes à leur usage.
Pour évaluer le financement nécessaire à la réalisation de ces travaux, la DDE a proposé aux acteurs de ce dossier complexe de mettre en œuvre une démarche rationnelle comprenant six étapes :

  1. Identification des voies concernées,
  2. Évaluation du trafic résiduel, notamment le trafic poids lourds qui détermine le besoin de renforcement,
  3. Auscultation des voies,
  4. Définition du cahier des charges des remises en état,
  5. Définition des solutions techniques sur chaque section homogène,
  6. Chiffrage du coûts des travaux.

Agrégation des résultats

Synthèse des travaux sur la voie RN 29
R
PR
début
PR
fin
Long.
Surf.
Type
struct.
Défl.
riveaxe
Trafic
PLtype
Solution
stratégie>10 ans
durée
de vie
29 41,000 41,300 300 3070 NT 34 26 255 T2 7 EME + 3 BBTM
11 GB + 3 BBTM
16 BB liaison + 3BBTM
15
11
10
29 41,300 42,000 869 9771 GB 34 26 216 T2 6 EME + 3 BBTM
8 GB + 3 BBTM
5 BB liaison + 3BBTM
4 BBMa
>20
>20
>20
12
29 42,000 42,350 350 4075 GC+GB 13 16 216 T2 6 EME + 3 BBTM
8 GB + 3 BBTM
5 BB liaison + 3BBTM
4 BBMa
>20
>20
>20
12
29 42,350 42,900 550 6487 GC+GB 22 15 52 T3- 6 EME + 3 BBTM
8 GB + 3 BBTM
5 BB liaison + 3BBTM
4 BBMa
>20
>20
>20
12

Le réseau à remettre en état

Le réseau à remettre en état consiste en l’ensemble des voies dont la domanialité est susceptible d’évoluer compte tenu de leur nouvelle fonction.
Il comprend plusieurs tronçons de routes nationales (RN1, RN29 et RN235) et de routes départementales (RD7, RD12, RD116, RD416, RD929, RD933, RD934, RD935), pour un linéaire total arrêté à environ 40 km, après plusieurs réunions de concertation avec les différents partenaires.

Évaluation du trafic poids lourd

Le trafic poids lourd que connaîtront ces voies après cette mise en service correspond au trafic de desserte, le trafic de transit empruntant normalement la rocade de contournement.

Une première prévision le concernant a été effectuée par le CETE Nord-Picardie sur la base des résultats d’une enquête de 1995 portant sur le nombre et la provenance (déduite des plaques minéralogiques) des camions circulant sur ces voies.
Une seconde prévision a été établie en juin 1997 à la suite d’un arrêté municipal lequel a interdit le trafic de transit dans l’agglomération d’Amiens, le trafic de desserte étant seul autorisé. Cette nouvelle situation a permis de vérifier et affiner la prévision du CETE Nord-Picardie.
Enfin, la campagne de comptages réalisés depuis juillet 1997 par la CDES devrait permettre d’approcher définitivement ce trafic de desserte.

On peut noter que le recours au système ERASMUS a permis une actualisation rapide de l’étude avec les nouvelles données de trafic.

Auscultations

Effectuées en début d’année 1997 par le Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées de Saint-Quentin et le Laboratoire Départemental d’Amiens, elles ont consisté en un relevé de dégradations de type DESY-M3 et des mesures continues de déflexion sur les 40 km de voies concernées. Ces mesures et les connaissances déjà disponibles dans la Base de Données Routières ont permis de découper les sections homogènes vis-à-vis de trois critères : classe de trafic (t0, t1, t2, t3, t4, t5), type de structure (CS, GB, GH) et comportement de chaussée.
Certaines de ces sections ont fait l’objet de sondages complémentaires, lesquels ont été positionnés après examen des déflexions et des dégradations. Ces sondages ont été nécessaires compte tenu de l’hétérogénéité des structures en site urbain. Ils ont permis d’obtenir des diagnostics et des solutions de réhabilitation d’une grande précision.

Cahier des charges de la remise en état

Afin de minimiser la gêne occasionnée aux habitants d’Amiens, les solutions de travaux permettant de réduire la durée des chantiers et les transports de matériaux ont été privilégiées : rechargement avec des matériaux bitumineux et décaissement partiel.

De plus, le niveau de service offert lié à la couche de roulement (adhérence, atténuation du bruit de roulement) a fait l’objet d’une attention particulière.
Enfin, la valeur minimale de la durée de vie, période pendant laquelle les chaussées ne devront faire l’objet d’aucun entretien structurel, a été prise égale à 10 ans avec pour indice de gel 95 °C.j correspondant à un hiver rigoureux non exceptionnel.

Analyse de 63 sections homogènes

Chacune des 63 sections homogènes constituant le réseau à reclasser a fait l’objet d’une étude particulière avec ERASMUS, système-expert pour l’entretien et la réhabilitation des chaussées. Ces 63 sections ont fait l’objet de plusieurs traitements associés à différentes hypothèses de trafic et durée de vie (10 ans ou 15 ans), étant précisé qu’une durée de vie de 10 ans a finalement été retenue.
Les solutions de travaux obtenues ont été chiffrées sur la base des prix du dernier marché d’enrobés du Département pour les solutions de rechargement et décaissement partiel.
Chacune des sections homogènes constituant les voies est l’objet d’un rapport ERASMUS dans lequel figure les données et hypothèses fondant la définition et le chiffrage des travaux de remise en état.

Conclusions

  • La démarche suivie pour réaliser l’étude a été appréciée par les décideurs du projet Dossier Voiries d’Agglomération d’Amiens, qu’ils appartiennent à la Direction des Routes, au Conseil Général de la Somme, aux Villes d’Amiens et de Longueau, ou au district du Grand Amiens.
.
Linéaire
déclassé (m)
Surface
déclassée (m2)
RN 1
RN 29
RN 235
Total RN
6 141
7 253
16 567
29 961
95 341
78 075
141 244
314 660
RD 116
RD 191
RD 416
RD 934
RD 935
Total RD
4 000
1 674
789
715
1 041
8 219
24 000
9 210
4 700
5 700
7 300
50 910
  • L’explicitation des données, mesures et hypothèses, fondant le chiffrage des travaux s’est avérée déterminante pour engager le dialogue avec les acteurs du projet.
  • Les décideurs du projet se sont appropriés la démarche suivie pour réaliser l’étude
  • L’adhésion des décideurs à la démarche suivie a naturellement entraîné leur accord sur les solutions techniques de remise en état proposées.
  • Cet accord sur les solutions techniques a entraîné un nouvel accord, relatif cette fois à l’enveloppe financière correspondant à ces solutions techniques et qui sera versée à la Ville d’Amiens lors du déclassement, à l’exception de la RN235 qui pourrait être traitée dans un autre cadre sans remise en question des solutions techniques.